Magali B.

Conseillé par (Libraire)
21 mars 2024

🐥 Des heures de lecture... sans texte !

🐥 Même quand on ne sait pas encore déchiffrer les lettres et les mots, on peut passer des heures dans un livre – par exemple, un bon cherche-et-trouve façon "Où est Charlie ?"
🐥 Cette fois, c'est le fameux loup dessiné par Éléonore Thuillier que l'on suit dans un grand périple autour du monde. Depuis la mégalopole (tiens, un nouveau mot rigolo !) jusqu'à la régate de Venise (oh, tous ces bateaux !), en passant par le carnaval de Rio (confettis à gogo !), la jungle (carnaval des animaux !), la Fête des Morts de Mexico (têtes de mort et sombreros !) et le désert (balades à dos de chameau !), il y a vraiment de quoi s'en mettre plein les mirettes !
🐥 Le principe est simple : sur chaque double-page, une grande scène fourmillant de vie. En bas de page, une frise qui présente une quarantaine de détails à retrouver dans l'image principale. C'est ludique, c'est punchy, c'est vibrant d'énergie ! En plus, les personnages aux bouilles d'animaux sont drôlement sympathiques. À La Géosphère en ce début de printemps, on a un gros faible pour la double-page consacrée à la Fête des Tulipes, en Hollande. Elle aura lieu pour de vrai le 20 avril, à Amsterdam. Aura-t-elle autant de couleurs que chez notre Loup au nez pointu ? Qu'en dites-vous ?

Conseillé par (Libraire)
15 mars 2024

🖌️ Quel cadeau, cette lecture !

🖌️ Écrire à deux est un pari périlleux. Dessiner à deux l'est peut-être plus encore. Et pourtant, Emmanuel Lepage et Edmond Baudoin relèvent le défi. Avec brio, s'il vous plaît !
🖌️ Le point de départ, c'est de raconter leur projet d'observation des étoiles dans le désert d'Atacama. Mais leur livre va bien au-delà du simple récit de voyage. Un focus détaillé sur l'histoire récente du Chili se double d'une réflexion bouleversante sur le sens de la vie, Lepage (né en 1966) étant durement éprouvé par un cancer, tandis que Baudoin (né en 1942) fait l'expérience de la vieillesse. Et pourtant, ils évacuent tout pathos de leurs propos ! Leur pratique artistique donne lieu à un riche dialogue toujours curieux, jamais péremptoire. Face au traitement doux des couleurs, souvent encre ou sépia, que Lepage chérit de longue date, les dessins aux épais traits noirs de Baudoin ressortent dans un bel effet de contraste.
🖌️ Deux hommes, deux générations, deux techniques, pour un roman graphique puissant, où alternent visages et paysages, intérieurs et scènes de rue, intimité et militantisme. À lire et relire, pour apprécier pleinement la conjugaison de ces deux voix majeures de la scène BD contemporaine !

Oeuvre poétique complète

Signes Balises

25,00
Conseillé par (Libraire)
9 mars 2024

🚢 Poésie sur les flots

🚢 Proues de cargos, escales au port, quarts de nuit. Alger, Djibouti, Tahiti, Colombo. Odeurs d’algues, brumes océanes, bars malfamés, filles que l’on dit « de joie ». Poète tout autant que marin, Nikos Kavvadias (1910-1975) a probablement passé plus de temps à naviguer qu’à fouler la terre ferme. Il en a tiré une poésie puissante, imprégnée des rudesses de la mer et de ces départs tantôt euphoriques, tantôt désespérés.
🚢 « Toute ma vie je resterai l’amoureux, idéal et abject, / des voyages lointains et des étendues bleues, / et je mourrai un soir pareil à d’autres soirs / sans avoir dépassé l’horizon vaporeux. »
🚢 L’excellente préface de son traducteur français, Pierre Guéry, resitue l’homme dans son époque et la geste poétique dans le parcours du marin. Et pour la prose, on relira "Le Quart" (1954, réédition en 2008 aux éditions Folio), roman dans lequel Kavvadias fait de la mer son personnage principal, pour le meilleur et pour le pire.

Elan vert

13,90
Conseillé par (Libraire)
5 mars 2024

🐥 Notre cœur bondit d'amour pour cet album débordant de tendresse !

🐥 Pleine d'oiseaux, de papillons et de fleurs, la forêt tropicale du Bengale est le paradis d'Indira, la jardinière-fleuriste qui murmure à l'oreille des feuilles, des pétales et des branches. Pour Hari, l'inventeur loufoque de trucs et de machins, ce n'est pas la même chanson : car lui qui aime tant la ville est tombé en panne d'essence au beau milieu de cette forêt, et en plus il s'est perdu ! Or, le temps qu'Indira le raccompagne jusqu'à son véhicule, les voilà tous les deux tombés amoureux... Mais comment s'aimer quand on est si différents ?
🐥 Au gré de courtes lettres pleines de tendresse, la jardinière et l'inventeur apprennent à se connaître et rêvent de se rejoindre. Les dessins aux teintes douces et fleuries de Sophie Rohrbach accompagnent avec inventivité le texte joliment rythmé de Laurence Gillot – jusqu'à la double-page finale, la préférée de La Géosphère : normal, il y a un planisphère dessus ! Mais chut... On n'en dira pas plus, pour garder la surprise aux enfants à partir de 4 ans !

Fish WU

Rue de l'échiquier

24,90
Conseillé par (Libraire)
1 mars 2024

Un témoignage puissant, rare, sur une époque pourtant pas si lointaine...

✏️ Jeune adulte, le dessinateur Fish Wu prend un jour conscience du parcours douloureux de sa grand-mère, une très vieille dame dont la famille entière a été victime, à divers égards, de la révolution culturelle chinoise. Il entreprend alors de la questionner, avant que sa mémoire ne s'effiloche complètement : "pour que cela reste gravé", dit-il, et ainsi rendre hommage aux anonymes que l'Histoire a malmenés au point de les dissuader de témoigner.
✏️ Dans sa BD qui jongle avec les temporalités et les fils narratifs, Fish Wu évoque l'oncle et le père de sa grand-mère, frères lettrés que le régime maoïste a broyés et séparés. Il raconte aussi d'où venait son grand-père, et dans quelles circonstances tragiques il s'est marié à sa grand-mère. Le deuil, l'exil, les liens familiaux : autant de thèmes douloureux qui traversent ce récit, dans lequel les voix s'entrecroisent pour dire quels torts irréparables peut causer un pouvoir autocratique. L'excellent travail de traduction de Bertrand Speller permet de saisir les subtilités des propos, notamment ceux qui se cachent en arrière-plan des images.
✏️ Quant aux dessins au trait noir de Fish Wu, ils sont d'une précision ahurissante, presque hallucinée, oscillant entre méticulosité documentaire et hachures presque rageuses, vibrantes de colère. Les visages sont travaillés, détaillés, fouillés, comme si, en les ancrant dans la page, le dessinateur tentait de les sauver de l'oubli.